Gratuit / free Fanzine musical N°0 - Février 2002 
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  > Interview P. BACCHETTA

La Carène - Brest
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Le Projet d'Action Culturel de diffusion des musiques actuelles insufflé par le ministère, et impliquant quelques municipalités en France, a donc jeté son dévolu sur BREST et a judicieusement nommé Philippe BACCHETTA (le monsieur des "Instants Chavirés") comme directeur du projet de complexe musical au Port de Commerce.

Mars 2007 - Ouverture officielle de "La Carène", la salle dédiée aux musiques actuelles

C'est dans un bar de Brest même que cet entretien a été réalisé, par une belle matinée d'hiver et avec le sentiment de vivre un moment relativement important.



Peux-tu te présenter ?
- Je m'appelle Philippe Bacchetta, j'ai 46 ans. Je suis installé à Brest depuis 6 mois, pour un projet attendu depuis de nombreuses années qui est celui de monter une salle pour les musiques actuelles. Projet qui a évolué d'ailleurs vers l'idée d'un complexe de diffusion de ces musiques, ce qui a forcément d'autres incidences. Avant ça, j'étais en région parisienne à Montreuil, disons professionnellement impliqué dans l'aventure des Instants Chavirés puisque j'en étais le créateur, et le directeur pendant 10 ans. C'est une petite salle de concert avec l'originalité qui est celle d'être un lieu de création, de défrichage, avec un gros travail ces dernières années sur l'improvisation européenne. C'est un lieu de renommée internationale puisqu'on y croise des artistes japonais, américains, canadiens ou autrichiens...


Référence internationale certes, mais n'est-ce pas difficile de produire des musiciens peu promotionnés ?
- Oui et c'est une situation quasi-générale puisque parmi les gens qui venaient aux I.C., la plupart n'avaient que deux, trois dates en France dans des endroits repérés comme le CCAM de Vandœuvre les Nancy, le Panonica à Nantes, le festival MIMI à Marseille... Donc très peu de diffusion de ces musiques là puisque peu d'endroits, malgré les structures associatives ou certains centres culturels... Donc, le premier travail c'est d'essayer de faire connaître ce genre de musique en ayant un point qui va être repéré par les musiciens, qui va donc être soumis à des propositions et qui forcément fera le lien entre ces propositions artistiques et le public. Parce que bien évidemment une telle structure a besoin d'aller chercher le public très très loin. Il est évident que c'est avant tout un équipement pour les gens de Brest et de ses environs, mais pour lequel on espère que la programmation bénéficiera d'un écho plus large au niveau régional et national.


Ca tient quand même du challenge de produire ces nouvelles musiques à Brest ?!
- Il faut voir que ce type d'équipement est relativement nouveau et qu'on est peu à travailler sur de tels projets. Donc effectivement il y a challenge pour nous parce qu'il y a une attente et, parce qu'on fait l'objet de curiosités.


On t'a choisi, mais tu as décidé de venir vivre à Brest de ton propre chef ?
- Je dois dire que le projet est tentant pour quelqu'un qui en fait son métier depuis dix ans, et Brest, oui, aujourd'hui c'est ici que je vis et j'apprécie énormément la ville, d'autant plus que j'avais décidé de quitter la région parisienne qui est devenue invivable. Ici c'est quand même autre chose.



Cet équipement fonctionnera-t-il comme le CCM ?
- Pas tout à fait car le fonctionnement des locaux de répétition et du studio n'a pas permis d'évoluer vers la diffusion, la production, la programmation à part entière. L'importance du CCM était de faire exister des pratiques et de les souligner en tant que telles. Le centre a aussi contribué à la formation professionnelle de quelques personnes dans les métiers liés à la musique, et je crois que ça a été quelque chose d'important ces dix dernières années. L'idée avec ce nouvel équipement serait d'aller au delà de ces pratiques, c'est à dire d'aborder des activités que le CCM n'a pu développer et qui sont, encore une fois, la diffusion, la programmation, la production. Avec aussi une ouverture plus large sur des projets artistiques innovants et différents de ceux habituellement proposés.


Le futur projet prévoit-il un plan de communication ?
- Si l'on voit globalement, on ne peut pas penser faire des artistes peu connus en espérant que le public va suivre forcément. C'est à dire qu'il y a, au delà de l'envie de programmer, la nécessité de faire connaître des musiciens donc de développer effectivement des plans de communication très très larges.
En direction des médias locaux ou régionaux, mais aussi nationaux, les gros quotidiens restants assez évasifs, à part le magazine du Télégramme qui répertorie succinctement les concerts dans la région. On a donc besoin d'informer au sens le plus large possible. Après la presse et la radio, les nouveaux médias tels internet joueront un rôle important dans la communication autour du projet.


Tes contacts aux Instants Chavirés et ailleurs te serviront ?
- Oui mais pour l'instant, ma position est claire, car je ne suis pas amené, à être directeur de ce nouvel équipement, je suis là pour le construire. Mon expérience m'entraîne à penser un équipement qui par son entité propre, sera apte d'accueillir différentes propositions artistiques. Bon, pour les deux salles de spectacles, l'une ayant une capacité maximum de 450 places et l'autre de 1200 places, cela implique qu'on se laisse la possibilité d'organiser des concerts pour 100, 150 personnes pour des pratiques disons, minoritaires pour ne pas dire avant-gardistes. L'autre salle accueillant des concerts plus importants. Il faut donc favoriser les échanges entre structures associatives porteuses de projets, et trouveraient dans cet équipement un lieu d'accueil et de soutien. Une ouverture large de toutes façons, sur le milieu artistique brestois, autant au niveau du fonctionnement que de l'artistique, bref de faire en sorte qu'il y ai un lieu de référence qui dynamiserait les structures locales.


Est-ce que cet endroit sera ouvert au public ? Un lieu de rendez-vous ?
- Ce sera avant tout un espace de travail plutôt qu'un lieu de rencontre. Il peut être aussi utilisé pour ça, je pense que BREST ne manque pas de lieux de rendez-vous, mais d'endroits pour travailler, et c'est important de le mettre en avant. Il y aura malgré tout une fonction d'accueil, d'information avec un centre de ressources et de documentation avec livres, disques et points d'écoute et bien sûr le travail en réseau. Pour l'instant, on essaye de prévoir un fonctionnement d'activités et de diffusion.


Mais la programmation est une activité à part entière ?
- Le futur directeur en sera responsable et au même titre, il consacrera de larges créneaux aux partenaires locaux. Outre la fonction de moteur culturel, la structure développera des travaux de fond, des résidences d'artistes, des pré-prods pour les groupes, et la programmation d'une centaine de dates à l'année pour commencer. Sachant qu'il faudra travailler en bonne intelligence avec les tourneurs locaux, les cafés-concerts, pour multiplier le nombre de dates sur la région, et non essayer de monopoliser certains spectacles.



Est-ce que le fait de travailler dans un cadre subventionné, te permet de prendre- plus de libertés sur la programmation ?
- Oui c'est à peu près ça, dans le sens où l'état ou du moins les institutions, veulent aider à la création culturelle depuis quelques années déjà. Après on mesure les risques car on peut pas non plus plomber une structure avec des concerts ou des spectacles chers et risqués. Il y a pour tout gestionnaire d'un équipement, le soucis de tenir compte de l'équilibre financier. Ce facteur implique bien évidemment des fonctionnements plus ou moins négociés. C'est une contrainte, et en même temps un mal nécessaire. Le processus est malgré tout enrichissant sur la conduite de certains projets. Quant à choisir un artiste en fonction de ces paramètres, je crois en être capable.
C'est sûr que de faire venir Otomo Voshihide, le célèbre DJ japonais, pour un seul concert me semble quelque peu déplacé. Mais l'inviter en résidence pendant une semaine, comme il l'a fait à Marseille en animant des ateliers de scratches pour les jeunes des quartiers Nord, me paraît plus intéressant et judicieux.


Y a t-il des projets parallèles engageant les structures déjà existantes ?
- Oui, des relations qui étaient attendues entre le CCM et d'autres structures commencent à voir le jour, comme par exemple avec l'école de musique de Brest et les musiciens qui naviguent entre les deux. Et bien sûr d'autres projets portés par les mêmes acteurs. Au printemps prochain, Penn Ar Jazz voudrait solliciter d'autres associations pour un projet plus important que d'habitude. Donc on est relativement nombreux à travailler dans ce sens, à impulser les initiatives culturelles, dans cette ville où il y a déjà beaucoup de choses, et en même temps un public un peu plus curieux en demande croissante. On se doit de travailler sur des terrains pas forcément évidents pour subvenir à ce besoin de découverte de la part du public. Bref, trouver des compromis, par rapport à ce qu'on évoquait précédemment sur le cadre subventionné, mais sans que cela devienne des compromissions.


Les salles seront opérationnelles dans combien de temps ?
- Dans à peu près trois ans, on souhaite ardemment que le complexe ouvre ses portes en 2004. Quant à mon travail, il a commencé dès la définition du projet et consiste à faire en sorte que les acteurs locaux y voient une opportunité nouvelle d'investir d'autres terrains, qui vont au-delà de ce qu'ils attendaient dans un premier temps, à savoir uniquement un lieu de diffusion des musiques actuelles. Donc mon rôle commence dès maintenant sur la préparation du dossier, sur l'équipement, et ce n'est pas une mince affaire ! Afin de développer, encore une fois, une lecture dynamique du lieu et qu'il soit attendu bien avant son ouverture.


L'attente est vraiment effective sur ce projet ?
- Oui parce que d'une part, le complexe est attendu depuis quelques années avec bon nombre d'associations et d'individus à qui il fallait quand dire que le projet a débuté. Les prévenir que ça prendra quelques années car c'est une organisation lourde, portée par les institutions, mais qui doit suivre un cheminement institutionnel justement, avec appels d'offres etc, etc... L'idée générale qui en ressort, est de faire participer Brest à la production des musiques nouvelles à l'instar d'endroits qui fonctionnent également dans ce sens. Il suffit de s'y intéresser un peu, et voir le succès qu'a obtenu les instants Chavirés par exemple, le CCAM de Vandoeuvre, le Panonica à Nantes, etc...

Pour en savoir plus : www.lacarene.fr

   Retrouvez le site de l'Association Métal Armor : http://metalarmor.free.fr
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A suivre...     

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