Paul Lovens est un batteur méconnu de la scène européenne, à la carrière pourtant conséquente, que l'on pourrait rapprocher subjectivement de celle d'un autre batteur ; Han Benninck. Il a donné un concert mémorable en octobre dernier au Vauban avec le trio Papajo, qui regroupe Paul Hubweber (Trombone) et John Edwards (Contrebasse).

Lovens est né le 6 juin 1949 à Aachen en Allemagne. Il s'est intéressé aux percussions de son propre chef, et cela dès sa petite enfance. Autodidacte, il débute comme batteur à l'âge de 14 ans, dans des groupes de jazz et de pop music. Depuis 1969 il se consacre à l'improvisation et travaille plus particulièrement les percussions et la scie musicale. Lovens a travaillé avec la plupart des musiciens qui font la scène internationale d'improvisation et plus régulièrement avec le Globe Unity Orchestra, le Berlin Contemporary jazz orchestra, le Schlippenbach trio/quartet avec Peter Kowald, le Company de Derek Bailey et en duo avec Paul lytton. Il a effectué des tournées dans plus de quarante pays, est membre fondateur d'une coopérative de musiciens et a produit maints enregistrements pour son propre label, Po Torch, depuis 1976. Il a également travaillé sur des expositions avec le peintre Herbert Bardenhauer. Malgré quelques rares performances solo, et bien qu'il ait donné des concerts occasionnels avec des groupes ad-hoc, qu'il s'est impliqué dans des projets de films, de danse ou de théâtre. Paul Lovens a toujours préféré travailler avec de petits ensembles sur l'improvisation.

Au milieu des années 90 ces petites structures atteignaient quand même le nombre de seize unités certaines faisant partie d'une sélection spéciale dénommée "Vermögen". Il a d'une manière ou d'une autre toujours incarné l'image du batteur plutôt libre de toutes contraintes d'école ou de mouvement, mais a tout le temps pris la peine d'écouter, de contribuer, guider ou occasionnellement diriger. A cet égard, sur le disque "Nothing to Read" avec Mats Gustafsson, il y a une douce ironie dans le fait qu'il décrive son équipement de batterie par des toms et des cymbales sélectionnés ou non. La prise micro semble d'ailleurs être une source de problèmes (comme souvent avec les percussions, ndlr) sur quelques enregistrements qui ne lui aurait pas donné entière satisfaction au niveau du relief et de la texture. Paul Lovens a participé depuis le début des années soixante-dix à plus de quatre-vingt projets aboutis sur disque. Il entretient une franche camaraderie avec Eugene Chadbourne avec qui il a souvent travaillé, et plus précisément pour les albums "Patrizio sur Victo" en 1996, "Insect and Western" sur Leo Records en 1997, "Hellington Country sur Intakt la même année et "Me and Paul" sur Leo Records en 1999. Outre son travail soutenu avec le contre-bassiste Peter Kowald, qui nous a hélas quitté l'année dernière, il a travaillé entre autres avec Joëlle Léandre, Jean-Marc Montera, Urs Voerkel ou encore Günter Christmann.

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